Oh vacances......

Oh temps tant attendu de repos, de calme, d'absence de marmots, de cris, de craies et de crayons...


Dit comme cela, période a priori idyllique...

C'était sans compter sur quelques petits commandements, dont le premier, et pas des moindres :


-En vacances, malade tu tomberas....

Le ou la jeune prof (je ne sais pas pour les plus chevronnés) est malade pendant les vacances, ce n'est qu'une fois le dernier tour de clé effectué dans la porte de sa salle, que le ou la jeune bleu(e) commence à "sentir la gorge qui pique", non pas d'émotion parce qu'il ne remettra pas les pieds dans ce lieu magique pendant 10 jours, mais parce qu'enfin les microbes peuvent venir attaquer...


Certains parlent de "conscience professionnelle", d'autres de "pression qui retombe" pour enfin laisser la place aux virus...tout cela n'est peut être pas faux, mais tout cela reste du pas de bol quand même!

-En vacances, la grasse mat' tu ne feras pas.....


A se lever à 6h tous les jours, plus besoin de réveil....5H59 yeux grands ouverts et cerveau en ébullition...et quand enfin tu prends un rythme de croisière plus humain, c'est le moment de reprendre le chemin de l'école....


-En vacances à tes élèves tu penseras, voire tu rêveras....


-En vacances, les 45 cahiers de sixièmes et la cinquantaine de copies tu corrigeras...


-En vacances, les cours tu prépareras...


-En vacances, la pédagogie différenciée tu tenteras...


-En vacances, un peu mieux tu t'organiseras...ou du moins tu essaieras...


-En vacances, de la déco pour ta salle , des nouveaux manuels, cahiers d'exercice, des films, documentaires, bd, chansons tu chercheras...


-En vacances, de bonnes résolutions sur la discipline tu prendras...

-En vacances tu stresseras....... en pensant à la suite du trimestre, à la reprise des hostilités et à la charge de travail qu'il reste à abattre...

-En vacances, non tu ne te plaindras pas, mais après ceux qui fantasment sur notre condition privilégiée, ronchonner tu pourras!

Un métier qui vous marque des pieds à la tête.....

Du bas vers le haut.....

Je passe les pieds compotés en fin de journée (révérance toute respectueuse pour mes collègues en talons) ....

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.......pour monter directement au....haut des cuisses =

Depuis la rentrée, à droite comme à gauche je promène à cet endroit deux nouveaux compagnons : les hématomes des angles de table...

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Vu ma grande taille, les coins de table arrivent tout pile tout juste au niveau de la "béquille qui fait mal". Ainsi, régulièrement je nourris de ma maladresse deux jolis bleus, en circulant entre les rangs, des bleus qui grossissent et se rétractent proportionnellement au nombre de sorties de routes dont je me fais la reine!!!

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Un peu plus haut il y a parfois la boule au ventre lorsqu'il s'agit d'entrer en scène

Un peu plus haut encore, il y a la voix, qui fait mal et qui quitte ses rails régulièrement

Encore un petit peu plus haut, il y la tête comme une pastèque, et parfois une pastèque qui aurait pris un bon coup de marteau (car on n'avait pas de couteau pour l'ouvrir...)

Et encore plus haut, dans les sphères de l'inconscient, il y a les poncifs de la journée qui ne vous quittent pas, même en sommeil...

Je vous passe les rêves où le collège vient me hanter, pour faire plus concret :

Une nuit passée, alors que je venais de rejoindre depuis quelques minutes seulement les bras de morphée, j'ai tenté à voix haute un "tss tss tss" qui s'est visiblement avéré tout aussi inefficace que dans la réalité, puisqu'aussitôt j'ai du insister pour faire obéir mes oniriques élèves : "les garçons taisez-vous!!!"**

Un métier qui vous marque des pieds à la tête, de la salle de classe à l'oreiller...

** Propos recueillis par ma tendre moitié :)

Qui l'eut cru.....?

Qui eut cru qu'une heure de contrôle, censée être une heure de repos (relatif mais repos quand même) pour le prof pouvait être plus épuisante, plus éreintante qu'une heure de cours????

Vous l'aurez compris, pas moi évidemment, grande naïve que je suis...

Comble de l'innocence j'avais même secrètement caressé l'espoir de mettre le cahier de texte à jour pendant que ces chères têtes blondes mettaient à plat, à coup d'encre bleue et de blanc correcteur, leurs savoirs et leurs savoirs-faire....

Que nenni, que nenni....

Malgré 10 bonnes minutes de mise en garde sur les règles de vie durant un contrôle, j'ai eu le droit à 45 minutes d'un joyeux foutoir ha-llu-ci-nant!!!!

Dès la lecture du sujet, le fiasco démarre...

Je lis à voix haute les questions, les reformule éventuellement pour ceux qui ne comprennent pas mon "français trop soutenu" comme ils disent souvent...et là dès la deuxième question M*** de lancer tout fort comme ça : "madameeeeuuuuuh (oui le sixième aime rallonger inlassablement le "e" de madame) c'est l'Iliade c'est ça?"

Et voilà merci M* d'avoir donné la réponse à tout le monde...pour la peine tu n'auras pas le point sur ta copie...."Mais nan euuuuh (ah oui le "e" c'est aussi quand il n'y en a pas!) j'ai pas fais exprès euuuuuuuh!"

Puis le contrôle démarre et là c'est la valse du crayon rouge, du crayon noir et du blanc correcteur.....

Etant donné que je leur ait interdit de parler entre-eux c'est à moi qu'ils s'adressent pour demander du matériel....

Ce qui donne le balais suivant :

-l'élève me demande quelquechose

-je demande à la classe si quelqu'un peut lui prêter ce quelquechose

-d'un saut de gazelle je vais ensuite chercher ce quelquechose à sa table (quand ils ne l'ont pas balancé au travers de la classe)

-puis l'amène au demandeur

-enfin je le ramène au prêteur...

Etc etc etc, autant dire que le saut de gazelle se transforme en pas nonchalamment lourd et grognant au bout de la dixième fois, surtout lorsque le contrôle n'est démarré que depuis 10 mn!

Toujours pas un mot dans le cahier de texte...

Il s'ensuit une série de phénomènes paranormaux déstabilisant...

-des mômes qui se déplacent tranquillement pour aller soit chercher un crayon, le tailler, mettre un papier à la poubelle.....ou PIRE fouiller dans ma trousse voir si je n'ai pas un crayon noir, ou PIRE fouiller dans ma trousse pour regarder la boussole que j'ai confisquée à un de leur camarade quelques jours auparavant.

-un élève qui au bout de 30 mn ma demande s'il peut regarder un peu dans son cahier "mais juste un peu eeeuuuh siouplait madameeeuuuuh!!!!"

-un binôme discutant tranquillement du contrôle de musique à venir

-des râleurs qui n'ont pas appris et qui ne savent rien, donc me traitent de "sadique" car c'est trop dur....et ça pigne et ça chouine et ça râle et ça s'énerve et ça fini par s'énerver pour de vrai, et ça lance d'abord son crayon contre le mur et ça fini par balancer sa trousse contre le mur, puis la table : et ça fini dehors....

Ce que je ne comprends pas c'est qu'ils ne comprennent pas...il est pour moi évident que lors d'un contrôle on entend, non pas les mouches, mais au moins les profs des autres salles voler...... dans les plumes de leurs élèves (d'habitude le bruit de la classe les couvre)....

Ben pour eux nan, la classe est leur espace, le prof leur serviteur et ils en usent et en abusent avec inconscience...ou pas...

Toujours est-il que lorsque la deuxième sixième m'a offert un joli silence pendant son contrôle...j'ai pu non seulement remplir leur cahier de texte, mais ils ont gagné le droit de me faire un dessin en rapport avec l'histoire, que j'ai accroché près du tableau...

J'ai gagné quelque chef d'oeuvre réprésentant tous......Ulysse et les sirènes.....:)

En croisade contre le chboingchboingchboing des troisièmes....

Et ils l'ont eu dans l'os!!!!

J'avais promis des techniques vichyssoises...c'est fait...et j'ai gagné....!!!!

Autrement dis vendredi lors du contrôle le vilain son retentit une fois de plus! Comme je leur avais promis, je fais une chose absolument détestable : moins 1 point pour tous! et vlan dans les dents....

Aujourd'hui, nouvel accueil en chboingchboingchboing en début de cours...ils ne pensaient pas que je l'aurais fait...je répète donc que "si si si si si si" , tout le monde a perdu un point à cause d'un petit nombre d'"allumés du ciboulot" (ils n'ont pas compris l'expression, j'ai du reformuler et finir par un simple "petits malins" qui, je trouve, a malheureusement moins de saveur mais bon....passons)...

Grand seigneur, je laisse une dernière chance aux chboingchboingueurs de se dénoncer et de sauver ainsi les points de leurs camarades, en espérant remuer chez eux un peu de "sens du devoir".....

Fin de l'heure, mes deux suspects se présentent et avouent leur passion commune pour le bruit du crayon (et oui ce n'était pas une règle!) coincé entre deux tables....Ils ne sont visiblement pas les seuls à jouer à "tournez bourrique" mais désormais, repose sur eux la responsabilité du prochain bruit...

Ajoutons à cela un contrôle bien raté comme il faut, un affichage de leur manque de travail et de maturité...

Résultat = waouuuuu une classe qui bosse....

ce fut réellement la seule de la journée....mais parait-il c'est un métier où il ne faut pas être trop gourmand....ce qui est bien frustrant, parce que j'ai quand même extrêmement faim!!!!

fourberie et bourrique...

quand je disais un victoire provisoire de canard avec les troisièmes, c'était de l'ultra éphémère, en gros le temps d'une semaine (qu'est-ce qui m'a pris d'y croire ainsi nan mais!)...et depuis le mauvais esprit règne dans la classe...

ils ne sont que 3 ou 4 à égrainer leur mesquinerie au fil de l'heure...suffisant pour vous plomber un cours et vous-même avec....

Pas besoin de grand chose pour faire passer la prof pour un âne = une règle coincée entre deux tables (ou je ne sais où), une pression du doigt (ou de je ne sais quoi) et un "chboingboingboingboing" qui résonne dans toute la classe...sans aucune possibilité de savoir d'où vient ce vilain bruit...qui évidemment apparaît chaque foi que je tourne le dos....

Et ces fourbes sur patte de se poiler comme Bouvard riant des blagues de Bigard (c'est vous dire la finesse du machin!)

On rit non seulement parce que le bruit est marrant (en plus c'est vrai qu'il est drôle ce couillon de bruit!) , mais surtout parce que ça fait une semaine que la prof s'énerve tout rouge mais qu'elle n'est pas foutue de savoir d'où ça vient...

Dit comme cela, ça parait marrant, mais je vous assure que de se faire prendre pour une bourrique (un quéton pour les normand!) par des petits péteux, et bien ça fait pas du bien, du bien....du tout...

Alors il va falloir employer des méthodes vichyssoises et mettre en place ce que je redoutais : faire appel à la délation et à la torture....

Entre temps ils auront trouvé un autre bruit machiavélique, type miaulement (nan ça c'est déjà vu), type renne en rute (ah ben nan ça aussi c'est déjà vu), type gorille enroué (non, c'était la semaine d'avant)....bref je leur fait confiance pour me trouver un nouveau son, ils sont plein de ressources...beaucoup plus que lorsqu'il s'agit d'utiliser sa matière grise à d'autres fin que de celle de pourrir la prof d'histoire....

Doux et maigres espoirs....

à force de persévérance, à force d'énergie déployée sans relâche, à force de fermeté-douceur....enfin je vois une nano-lumière au fond du couloir (oui au collège c'est des couloirs pas des tunnels!)

ne nous emballons pas je parle uniquement des sixièmes....

certaines règles commencent à être intégrées, certains réflexes se mettent en place, des mini victoires et surtout la carotte de la petite histoire =

le calcul est simple = promesse d'une histoire en échange du calme et du respect des règles de vie de classe...si un élève déroge, tout le monde en est privé...(et ça pigne sévère alors!!!)

résultat =

-promesse de l'histoire des Jeux Olympiques avec des hommes qui combattent tout nus = 10 mn de calme

-promesse d'une histoire où un homme est attaché et se fait manger le foie par un aigle tous les jours = 20 mn de calme...

Plus sérieusement, ils ont compris que j'avais des histoires plein les sacoches, que l'histoire ce n'est pas que des dates et du vocabulaire, mais aussi une part de rêve, un moment où l'imaginaire a encore sa place...

.........on ferme les yeux, on est en Grêce, il fait chaud on vient de Gaule, de Massalia plus précisément , on a traversé toute la Méditerranée sur une nef (on a même été malade un peu pendant le trajet) pour rendre hommage à Zeus lors de jeux à Olympie, ça faisait quatre an qu'on attendais ça!!!!!.....on découvre alors le sanctuaire, on tue un animal que l'on pose sur l'autel de Zeus...avant d'aller au palestre s'entraîner, se mettre de l'huile d'olive partout et combattre tout nu.....etc etc etc....Moi je dis devant ça à 11 ans la PS3 XBOX WII et blablabla peut aller se recoucher....

1/0 pour luluberlue YIIIIIIHAAAAA!

Entre petites satisfactions et moment de "sombritude"

J'avais paré à toutes les éventualités pour ma session de récit-bis d'Ulysse et les Sirène en sixième : cahiers ET trousses fermées, pas de questions avant la fin, pas de raffut si un crayon tombe, rien-rien-rien....bon ce que j'avais oublié c'était de préciser que ce n'était pas la peine de lever la main avec un air d'urgence urgentissime , pendant que je racontais la légende, pour me dire qu'on a le dvd à la maison!!! je le saurais pour la prochaine fois : si vous avez le dvd vous me le direz après!!!!! C'est un métier qui s'apprend sur la tas!!!!

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Malgré cela, j'ai eu le silence et même le reste :

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-"oh madame vous pouvez la raconter une fois encore c'était trop bien!!!"

-"oui oui oui encore!!!!"

-"Oh oui ça me faisait du bien j'ai même fermé les yeux"

-"oh bah moi ça m'a fait un peu peur votre truc!" (quand je vous disais la reconversion théâtre qui sait?)

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Voilà il ne faut pas oublier que ce sont des marmots, qui n'ont certainement pas l'habitude qu'on leur raconte des histoires le soir avant de dormir (et c'est très triste d'ailleurs)

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Et j'ai même eu des questions, pas toujours pertinentes, mais des questions...

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J'avoue qu'il m'a été difficile ensuite de reprendre le fil du cours car LA grande question-débat qui a fait suite était de savoir si les sirènes ça existe ou pas....cartésiens et rêveurs ont alors pris, sans me demander, la parole...

Toujours est-il que j'ai enfin trouvé une petite faille= raconter des histoires, ils adorent....

Comparé au reste de la journée, ces moments paraissent magiques...triste compensation de 6H de cours absolument affreuses, où les minutes paraissent des heures, où comme les gosses je guette l'horloge et je prie le dieu de la sonnerie de se hâter et de faire retentir le gong de la délivrance avec empressement...

Oui il existe un dieu de la sonnerie de fin de cours, n'en déplaise aux cartésiens, je ne crois pas aux sirènes, mais celui là en ce moment je le vénère...

Luluberlue au cours Florent?

En fin de journée, après 6h de batailles ma voix prend ses aises et part un peu dans tous les sens sans crier gare....

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Ce qui fut le cas aujourd'hui, une fin de phrase s'envole légèrement dans des aigus déraillés qui n'auraient rien à envier à l'hybride Jeanne Moreau-Céline Dion, s'il existait bien sûr...

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Bref, un élève m'imite en répétant la phrase avec l'intonation adéquat.....petite réprimande et gros yeux en expliquant que c'est tout à fait déplacé que je pourrais moi aussi les imiter et qu'ils en seraient grandement vexés...

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F***** prend alors la parole : "ah ouai madame allez-y imitez nous, il parait que vous le faites trop bien!!!"

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Merde, d'où il sort ça ce balourd?

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"Ben ouai c'est ma soeur en 6e elle m'a dit que vous faisiez trop bien les élèves!!!"

et C***** de rajouter "Ah ouai madame? Ah c'est vous qui avez fait ça l'autre fois?"

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Eh oui, mince je n'aurais pas du l'autre jour devant les 6e me lancer dans un vaste programme théâtral sur la "théorie de l'évolution du petit wesh wesh de la 6e à la 3e" ....Faut dire qu'ils m'avaient fait péter un plomb et que du coup l'humour fut ma seule bouée de secours pour ne pas les foudroyer....

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Alors voilà maintenant c'est fait, les profs au bout d'un certain temps ont une réputation....pour le moment après quelques semaines seulement je suis celle qui imite "trop bien" les élèves...un clown en quelques sortes....je préférerais être celle chez qui on ne bronche pas, on travaille et on apprend mais bon....

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Qui sait? voilà peut-être une idée de reconversion....

Pour une fois qu'il y avait une question.....

6ème 4, 9H15 :

Une fois le micro-récit sur un épisode de l'Illiade terminé les élèves sont autorisés à poser leurs questions....

Miracle!!!!!! H*** lève la main!!!!

"Heu madame ça veut dire quoi ça?"

Le "ça" désigne un joli petit majeur levé bien haut et pointé sous mon nez!!!!

Le "ça" me laisse bouche bée.....

Très vite je comprends qu'il ne m'était évidemment pas destiné...visiblement le minipousse ne sait pas ce que veux dire un doigt d'honneur...et me le refais en répétant "c'est C*** qui m'a fait ça, ça veut dire quoi?"

Au final c'est rassurant s'ils ne savent pas encore à cet âge ce qu'est un doigt d'honneur, ce qui l'est moins c'est que je n'ai toujours pas de vraies questions dans mes cours.......

Question du jour .......BONJOUR!!!

Combien de temps peut-on tenir dans un taf si éreintant sans y prendre un minimum de plaisir?

C'est la question-constat-bilan de ce début de semaine = en 15H de cours je n'ai pas eu une nano-seconde de plaisir....pas un moment de répis où les élèves sont réellement attentifs, intéressés, un peu curieux....pas un moment où j'ai senti qu'enfin je leur apprenais quelque chose....ou tout simplement pas un moment où je n'ai dû m'interrompre parce qu'un zozio déjanté avait besoin d'être remis en place....

Autrement dit les cours se déroulent désormais de la manière suivante =

-je distribue des fiches d'activité, donne le temps de réalisation, passe dans les rangs pour vérifier-aider et on corrige....je dicte le cours et je distribue une nouvelle fiche d'activité.....je ne raconte rien, je n'explique rien de plus que les réponses aux questions des activités, je n'étudie aucun document avec eux....pas d'anecdotes, pas de réflexion, pas de questions.....rien...rien...rien...

J'ai le sentiment de m'être transformée en machine à préparer et corriger des fiches d'activité....'pédagogiquement c'est totalement naze, mais cela reste le plus efficace = les mettre au boulot pour les faire se taire et travailler....s'ils n'ont pas un exercice à faire et à corriger ils partent vrille direct...pas habitué au cours dialogué, enfin si le cours ils le dialoguent mais.....entre-eux....

Bref, je n'ai toujours pas la réponse à la question du jour, j'espère chaque fois que ce soit différent...j'espère....car non seulement il en va de la qualité de mon travail, mais aussi de ma santé mentale....

Il fallait que ça tombe sur moi....

Ou plutôt que ça tombe ma première année à Villiers....je veux parler du "cru de 6e 2009-2010".....

Rassurée que je suis d'entendre que mes collègues plus chevronnées deviennent aussi tarées que moi devant leurs 6e!

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Ouf ce n'est pas moi qui merdouille, c'est eux qui sont total zingués!

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Racontant en salle des profs mes épopées pédagogico-autoritaires et étalant aux écoutilles de tous mes doutes quant à ma capacité à parler à des tout petits, je suis tout de suite rassurée par l'entrée fracassante de ma collègue qui d'un rire nerveux et d'une tête déconfite nous lâche un sonnant "RRRRRAAAAAAAAAAAAAA LES SIXIEMES, ILS ME RENDENT DIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNGUE!!!!!!!!" (avec le son ce serait mieux!)

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Mêmes symptômes et mêmes craquages pour la petite bleue et pour l'experte (8 ans d'enseignement, dont 4 à Villiers)

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Le constat est le même dans les autres disciplines....le cru de sixième est cata cette année.

Pour faire court les manifestations des symptômes malins qui menacent ce niveau sont les suivantes :

-une incapacité TOTALE à se concentrer plus de 5mn

-doublée par conséquent d'une incapacité totale à se taire plus de 5mn

-une faculté incroyable pour ne pas écouter les consignes pourtant répétées maintes et maintes fois

-doublée par conséquent d'une faculté incroyable à poser au bas mot 10 fois la même question...

-une lenteur d'exécution, avec un record de 10 mn pour que toute la classe ait collé 2 feuilles!

-un degré d'autonomie qui sur une échelle de 1 à 10 se situe aux 25èmes dessous...

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petit florilège:

Petit conseil pour bien comprendre l'ampleur du désastre, imaginez que chacune de ces phrases est évidemment plus ou moins hurlée et de surcroît pendant que je parle de tout à fait autre chose :

"madame madame madameuuuhhhh j'ai perdu le bouchon de mon crayon rouge!!!!"

"madame madame madameuuuuuh à qui on doit rendre l'attestation d'assurance scolaire?"

"madame madame madameuuuuuh machin il arrête pas de me dire des gros mots"

"madame madame madameuuuuh j'ai oublié mon cahier de maths je peux aller le chercher dans mon casier?"

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J'en suis arrivée à adopter des techniques de primaire, lorsque je veux raconter-expliquer quelque chose : on ferme les cahiers, les livres et les trousses et summum du summum : on croise les bras sur la table.....ce qui hier n'a pas empêché C* de remuer au fond, déranger son camarade de devant jusqu'à ce que j'intervienne = drame absolu son crayon était tombé par terre!!!!!!

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Autrement dit le récit que j'avais après 10 mn de bataille réussi à entreprendre est tombé à l'eau....réprimande, brouhaha, rebelotte = tout est à refaire....

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Alors voilà le bilan des courses est que je me suis découvert un sentiment que je ne connaissais pas jusque là : une réelle envie de violence....non pas que j'ai retenu un geste déplacé, mais qu'au fond de moi j'ai senti monter une colère qui ne demandait qu'à s'exprimer par une paire de claques, voire un coup de boule.....

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Une sensation dont je ne suis pas fière et qui a été pour moi assez violente à vivre....lorsque les mots non ni sens ni emprise...la frustration a raison de la raison....

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Il était 8h50, le cours avait débuté 20 mn plus tôt....il me restait 6h30 de cours à donner, autant dire que la journée fut extrêmement longue....

Sixième déroute......

Ou comment se faire malmener par un gnome de 11 ans.....puis par une dizaine de gnomes de 11 ans.....

Alors que désormais mes 3e filent doux, première victoire (provisoire) de canard, les 6e sont entrés en phase de chiantise absolue et pour l'un d'entre-eux en phase de méchanceté-provocation-insolence maximale (pour ce qu'un 6e est capable de faire dans ce domaine...)

Je résume...

Vendredi 11h40 B** se présente au cours 10mn après la sonnerie alors que tout le monde est installé et la porte fermée (normalement signe que c'est trop tard coco!)....

B** petit malin, sait qu'aujourd'hui la CPE est absente, et que si je l'envoie en permanence (ce qui est la règle d'habitude) il sera peinard et accueilli par les surveillants qu'il ne craint évidemment pas, d'ailleurs je me demande s'il craint quelqu'un...

Comme luluberlue ne lâche pas le morceau, je l'invite à entrer, s'asseoir et se mettre à travailler...mais là.....B* refuse d'entrer, il est planté là devant moi le regard-méchant-par-en- dessous-en-mode-défi...et ne bouge pas...

Le ton monte tranquillement puis je lui demande alors son carnet, qu'il refuse évidemment de me donner alors qu'il est dans sa main....je lui redemande et tente de lui prendre directement......il esquive alors d'un grand geste mon "attaque".....

Autant dire que je commence à bouillonner à l'intérieur et à l'extérieur....

Finalement je réussi à le faire entrer, il s'assoie évidemment à un autre place que celle que je lui avait indiqué...nouvelle bataille...finalement il fini par s'installer où je voulais, enfin s'installer est un grand mot étant donné qu'il est juste assis (je n'ai pas poussé le vice jusqu'à lui demander de sortir ses affaires je pense que c'était peine perdue)

Malheureusement son jour de mauvais poil au petit B* tombait aussi jour du retour des contrôles...où lorsqu'un élève a moins de 5/20 il vient refaire le contrôle en retenue...Parce qu'il y a 5 points très très faciles à avoir dans tous les contrôles et celui qui ne les a pas n'a vraiment mais vraiment rien foutu, difficultés scolaires ou pas.....

Et évidemment petit B* a eu....0,5/20....et évidemment c'est le début-suite du scandale...."hien mais pourquoi je devrait être collé? Hein, c'est quoi ce truc de ouf? Nan mais franchement j'ai JAMAIS vu ça, JAMAIS vu ça !!!"

Et moi de lui rappeler qu'il n'a que 11 ans et que c'est normal qu'il n'est pas encore TOUT vu dans sa vie....

Bref pour résumer le reste du cours fut un véritable fiasco....B* provoquant, insolent (je vous passe les épisodes du tutoiement, du debout derrière sa table, du "j'men bas les couilles" etc etc...) pendant que se camarades en profitaient pour foutre un joyeux basard, même les points retirés sur les copies ne servaient à rien....

Et le summum fut lorsque O* avec aussi son 0,5/20 s'effondre en larmes à cause de la colle et que A* me fait la remarque : "Oh madame ça se fait pas vous faites pleurer les gens!" et quelques uns de ses camarades de reprendre en coeur : "c'est clair ça se fait pas..."

Alors voilà non seulement je suis méchante, je n'ai pas de coeur, je "braille tout le temps" comme dirait K* mais en plus je n'ai pas réussi à terminer mon cours.....un désastre...

La question est : comment les prendre ces petits machins qui me pompent ma patience, qui en moins de 15mn de cours absorbent tout mon capitale zen?

Je crois qu'il faut que je m'achète des kilos de patience, une livre de douceur, une pincée de penchant maternel et alors peut-être mes cours ressembleront-ils enfin à quelque chose....

Première tentative lundi 9h30.....( et ne pas croire que le matin de bonne heure ils sont plus calmes et endormis : NON le sixième est monté sur piles il n'est jamais calme et endormi c'est bon à savoir!)