mercredi 9 février 2011

Je consomme, tu consommes, ils consomment, ils vont à l'école..."

Ou comment venir en cour, se servir comme dans un super marché et repartir....sans payer et sans passer par la caisse...

Nos élèves sont des consommateurs fous, sans un sou..mais fous...

Perversité du capitalisme acharné? Je n'en sais rien, toujours est-ils qu'ils consomment l'école, comme ils achètent une paire de basket (non j'exagère, une paire de basket ils sont CONTENTS de l'acheter)...ce qui donne l'attitude suivante :

-je m'assois je m'installe et j'attends qu'on me distraie...
-le cours est un peu difficile, et n'y a pas de vidéo cette fois-ci, pas de son ou autres power point: je réclame une vidéo, un film etc..."mais m'dame c'est mieux avec un reportage le cours, on comprends mieux..."
-B'jour m'adame, j'espère qu'il va être bien le cour aujourd'hui...
-J'ai pas mes affaires? Pas grave la prof va me re-re-re-donner les photocopies (euh NON il peut toujours se gratter l'affreux)
-je n'ai pas fait mon boulot, pas grave j'attends la correction et je recopie (je ne vais tout de même pas me fatiguer non!)
-je n'ai pas mes crayons de couleur, pas grave je me sers dans le pots à crayons à dispo (sans demander, c'est normal non qu'on nous donne des crayons?)
-il faut répondre à des questions sur document en cours, pourquoi je me fatigue, la prof va corriger dans 5mn, c'est même elle qui l'a dit..
-il y'a brevet blanc demain, ça tombe bien il y a un atelier "fiche de révision" mercredi après-midi, je vais aller en piquer une ou deux à la sortie, je ne vais quand même pas participer à ça!
-il y a brevet blanc demain "m'dame vous pouvez nous faire réviser, genre nous poser des questions, nous donner des indices et tout ça? au lieu de continuer le cours...parce qu'on tombera pas dessus, on s'en fou!" (tu vas voir ce qui va te tomber dessus tête de noeud!)

Et le summum fut lundi soir, de 16h à 17h...en pleine Seconde Guerre mondiale (celle qui a vallu une série de croix gammées déjà mentionnée) nous voilà arrivés au moment fatidique de la Shoah...travail préliminaire puis visionnage du très bon, mais très dur "Nuit et Brouillard"...

Il reste trois minutes de reportage, sur l'écran un amoncellement ineffable de cheveux...la sonnerie retentit..je ne bouge pas, eux par contre si : affaires rangées son qui monte, brouhaha sur fond de charnier et les premiers qui s'agitent prêts à bondir sur la porte...

J'en éteints la TV de colère (de la vraie cette fois) et leur dit tendrement et textuellement de "dégager"...

Suite et fin:
Mardi 15h, j'accueille ces foutus 3è...pas le temps de dire bonjour que je me prends en pleine poire : "M'dame on regarde la fin du film aujourd'hui?".....autant vous dire qu'ils ont passé un sale quart d'heure...

Tout cela pour dire qu'il est usant/déprimant de sentir "consommée", de n'être qu'un produit, presque marketing, qui fait de la pub pour sa discipline, celle des autres et de l'école en général...
sauf qu'un publicitaire il gagne 5000 euros par mois, on ne lui demande pas de justifier à coup de rapports-projets de l'utilité de son travail, et de la nécessité de son poste...il n'est pas hué par la majorité car au moins il est efficace le publicitaire, les gens achètent-achètent-achètent...

La morale serait peut-être de contacter une agence de pub, de celle qui vous font croire tout et n'importe quoi..on lui commanderait une campagne de pub pour l'école destinée aux jeunes, et une campagne de pub destinée aux parents, histoire de freiner le travail de sape orchestrée à l'encontre de ces enseignants-fainéants-toujoursenvacances...


Allez c'est tout, départ pour la supérette du 95 !

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